Sacré-Cœur d’Héliopolis

Sacré-Cœur

d'Héliopolis

Sedky Pacha, étant venu d’Alexandrie s’installer à Héliopolis, demanda l’établissement d’un pensionnat du Sacré-coeur semblable à celui du Caire, ses filles ayant été jusque-là élèves de Sion. La demande fut transmise à notre très Révérende Mère qui accepta la proposition et le 29 Septembre 1911, 4 Mères et 1 Sœur s’installaient dans trois petites villas louées provisoirement en face de la future bâtisse.

Héliopolis, ville du soleil, a surgi des sables du désert comme par miracle; la lumière y est d’une pureté merveilleuse; moins bruyante que la capitale dont elle n’est distante que d’une douzaine de kilomètres, elle attire les familles désireuses de calme et d’air pur. La fondation est due à l’initiative et à l’énergie admirable d’un Belge, le baron Edouard EMPAIN, qui en a tracé les plans et dirigé les principales constructions de style arabe qui lui donne son cachet si particulier.

Cette charmante oasis de verdure, peuplée actuellement de 200.000 habitants, n’était encore il y a quarante ans qu’une étendue sèche, aride et sans vie. La Basilique latine dédiée à Notre-Dame, réduction de celle de Ste Sophie à Constantinople, forme le centre de la ville nouvelle; de là partent en tous sens des avenues bordées de villas.

Sacré-Cœur

d'Héliopolis

Notre maison, dont le style architectural aux longues galeries bordées de dentelles de pierre nous a été imposé, se trouve dans l’une de ces avenues, non loin du champ de courses qui prolonge agréablement le jardin. Ce jardin, les fondatrices l’ont connu désert absolu; on le croirait difficilement en voyant sa luxuriance actuelle, ses palmiers élancés qui en Septembre donnent des centaines de régimes de dattes jaunes, rouges ou brunes, ses bananiers, ses manguiers, ses oranges, ses oliviers et cent autres espèces d’arbres et de fleurs. C’est uniquement de terre rapportée et par une irrigation continuelle que ces plantes peuvent vivre. Un puits de 35 mètres de profondeur a rencontré une nappe d’eau légèrement sale qui permet cette irrigation savamment dirigée par nos jardiniers arabes Abdel Krim, Yacin, Abdel Rahman, Khalil.

Mais le grand intérêt d’Héliopolis ce sont les souvenirs du séjour de la Ste Famille en Egypte. L’ancienne Héliopolis où, selon les meilleures traditions, les divins exilés ont habité, se trouve à peu de distance de la nouvelle, au village de Matarieh où l’on voit encore l’arbre de la Vierge et un obélisque de granit, restes prestigieux d’un temple pharaonique.

Toutes pleines de ces divins souvenirs, le 19 Avril 1912, les fondatrices assistaient à la bénédiction solennelle du terrain de notre futur pensionnat; et le 1er Juillet de la même année, à la pose de la première pierre, que présidait son Excellence Mgr Duret, vicaire apostolique du Delta du Nil. Un vendredi de décembre, vers 3h, la croix de pierre destinée à orner le frontispice, apparut au sommet de la demeure. En l’apercevant, les enfants poussèrent un cri de surprise et de bonheur et l’acclamèrent longuement: C’était la première croix qui paraissait en place d’honneur dans Héliopolis. En ce centenaire de l’apparition du Labarum à Constantin, cette croix parut à toutes comme un gage de salut et de victoire.

Le 15 Janvier 1913, 48 petites filles en tabliers roses prenaient possession du joli local blanc, rose et noir de l’école. Elle ne fut terminée qu’en Septembre 1914 la Grande Guerre étant commencée.